Art : Ecriture décorative (pagspa)
Posté : lun. 6 févr. 2017 22:51
Bonjour à toutes et tous ;
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas ré-ouvert de nouvelle page. Je prends toutefois le temps ce soir car il me semble que ce sujet – intimement lié à la culture tibétaine – à pleinement sa place ici.
Dans le même style que les curiosités ornementales des alphabets de styles landza (http://montibet.com/forum/viewtopic.php?f=7&t=265) ou khandoma (http://montibet.com/forum/viewtopic.php?f=7&t=1679), je vous propose de découvrir le style d’écriture
pagspa
Le terme tibétain pagspa ([wylie], ‘phags pa) signifie « honorable », « vénérable », « supérieur », « spirituellement noble » et désigne habituellement un ārya (un garant de la transmission de l’enseignement du Bouddha). Mais ce terme désigne également une forme d’écriture très caractéristique utilisée sous la dynastie de l’empire mongol du XIIIème siècle.
Historiquement, après le départ de ce monde de Sakya Paṇḍita (un grand maître spirituel et érudit tibétain de l’école Sakyapa), son jeune neveu de dix-neuf ans, un certain Chögyal Pagspa, devint le précepteur du nouveau Khān (empereur mongol) du moment, le grand Kūbilaï Khān, alors que ce dernier exerçait sa puissante domination sur la Chine. Très probablement fasciné par l’état de fait de la puissance d’unification politique que représentait l’écriture chinoise, le Khān confia au jeune Pagspa la lourde tâche d’élaborer une écriture unique pour toutes les langues du vaste empire ! Notons que pour autant, le chinois, le mongol, le tibétain de même que le sanskrit possédaient déjà chacun un système d’écriture caractéristique propre et sans norme commune. En effet les uns s’écrivant de gauche à droite, d’autre en colonnes, etc…
Pagspa releva toutefois le défi et puisa dans les traditions indiennes, tibétaines et chinoises, différents systèmes pour sa future œuvre. Progressivement, il élabora ainsi une écriture capable d’entrer en résonance avec chacune de ces cultures et de les faire dialoguer en harmonie. C’est ainsi que vers 1270, l’usage de cette écriture – qui porte désormais son nom – fut officiellement proclamé par édit de l’empereur. Le script de Pagspa est alors utilisé pendant près de cinquante ans. Mais l’attachement des hauts fonctionnaires chinois à leur propre système idéographique la cantonnera petit à petit aux seules signatures officielles. Cependant, il restera encore grandement en usage en Mongolie pendant près des trois cents ans, et subsiste toujours aujourd’hui au Tibet (dans sa variante nommée « Horyig »), pour les sceaux et les frises verticales qui décorent parfois les architectures des monastères.
Et voici une précieuse vue de détails pour celles et ceux qui souhaiterait s'y essayer. Toutes les cotes sont là. Franchement, c'est bien moins difficile (dans son approche) que la calligraphie traditionnelle.
Allez... avis aux amateurs et postez vos créations
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas ré-ouvert de nouvelle page. Je prends toutefois le temps ce soir car il me semble que ce sujet – intimement lié à la culture tibétaine – à pleinement sa place ici.
Dans le même style que les curiosités ornementales des alphabets de styles landza (http://montibet.com/forum/viewtopic.php?f=7&t=265) ou khandoma (http://montibet.com/forum/viewtopic.php?f=7&t=1679), je vous propose de découvrir le style d’écriture
pagspa
Le terme tibétain pagspa ([wylie], ‘phags pa) signifie « honorable », « vénérable », « supérieur », « spirituellement noble » et désigne habituellement un ārya (un garant de la transmission de l’enseignement du Bouddha). Mais ce terme désigne également une forme d’écriture très caractéristique utilisée sous la dynastie de l’empire mongol du XIIIème siècle.
Historiquement, après le départ de ce monde de Sakya Paṇḍita (un grand maître spirituel et érudit tibétain de l’école Sakyapa), son jeune neveu de dix-neuf ans, un certain Chögyal Pagspa, devint le précepteur du nouveau Khān (empereur mongol) du moment, le grand Kūbilaï Khān, alors que ce dernier exerçait sa puissante domination sur la Chine. Très probablement fasciné par l’état de fait de la puissance d’unification politique que représentait l’écriture chinoise, le Khān confia au jeune Pagspa la lourde tâche d’élaborer une écriture unique pour toutes les langues du vaste empire ! Notons que pour autant, le chinois, le mongol, le tibétain de même que le sanskrit possédaient déjà chacun un système d’écriture caractéristique propre et sans norme commune. En effet les uns s’écrivant de gauche à droite, d’autre en colonnes, etc…
Pagspa releva toutefois le défi et puisa dans les traditions indiennes, tibétaines et chinoises, différents systèmes pour sa future œuvre. Progressivement, il élabora ainsi une écriture capable d’entrer en résonance avec chacune de ces cultures et de les faire dialoguer en harmonie. C’est ainsi que vers 1270, l’usage de cette écriture – qui porte désormais son nom – fut officiellement proclamé par édit de l’empereur. Le script de Pagspa est alors utilisé pendant près de cinquante ans. Mais l’attachement des hauts fonctionnaires chinois à leur propre système idéographique la cantonnera petit à petit aux seules signatures officielles. Cependant, il restera encore grandement en usage en Mongolie pendant près des trois cents ans, et subsiste toujours aujourd’hui au Tibet (dans sa variante nommée « Horyig »), pour les sceaux et les frises verticales qui décorent parfois les architectures des monastères.
Et voici une précieuse vue de détails pour celles et ceux qui souhaiterait s'y essayer. Toutes les cotes sont là. Franchement, c'est bien moins difficile (dans son approche) que la calligraphie traditionnelle.
Allez... avis aux amateurs et postez vos créations