Traditionnellement, on considère que tous les enseignements du
Bouddha historique sont contenus dans ce seul
mantra et que le réciter à haute voix ou en silence à soi-même, appelle son attention bienveillante. Il est même dit que seulement voir la forme écrite du
mantra aurait un effet similaire. C'est l’une des raisons pour laquelle il est si souvent taillé dans des pierres et placé où les gens peuvent le voir facilement.
![Mur de mani.](./download/file.php?id=522&sid=2d42698c124bbd8aaba6dd11cc46870e)
- Mur de mani.
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On dit généralement qu'il est presque impossible de garder le vœu de
bodhisattva de façon parfaite et intemporel. Les pratiquants sont (à différents niveaux) un peu comme des bébés animaux. Ainsi, un jeune poulain ne peut galoper comme un grand cheval adulte. Un bébé animal va obligatoirement essayer de se lever et va tomber. Et de même, le pratiquant va toujours tomber dans certaines de ses vieilles habitudes négatives. Mais s'il en est conscient, il va essayer de nouveau et réussira de mieux en mieux. Pour raviver les vœux de
bodhisattva qui sont rompus, il faut penser aux avantages du vœu et faire ainsi croître l'intention de ne pas briser (à nouveau) les vœux. Lors de la pratique, l’une des activité les plus importante est justement la récitation du
mani-mantra.
Il est dit que tous les
bouddhas sont au départ des êtres comme nous qui, en suivant la Voie, sont devenus des êtres parfaitement éveillés. Le bouddhisme ne prétend pas qu'il y ait un être quelconque qui, dès l'origine, existe sans le moindre défaut et possède ainsi toutes les bonnes qualités. Le développement d'un corps, d'une parole et d'un esprit purs vient donc graduellement de l'abandon des différents états impurs (qui sont alors progressivement transmués en états purs). Cela est possible par la pratique. Et ce
mantra en est justement l'un des éléments charnière.
![Om Mani Padme Hum](./download/file.php?id=523&sid=2d42698c124bbd8aaba6dd11cc46870e)
- Om Mani Padme Hum
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Voici la correspondance la plus courante pour chaqu'une des six syllabes (hors syllabe hri) :
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(1)- La première syllabe
OM est traditionnellement visualisée en blanc. Cette syllabe symbolisent à elle seule le corps, la parole et l'esprit du pratiquant (mais dans le même temps, elles symbolisent également le corps, la parole et l'esprit purs et d'un
bouddha). Cette syllabe qui correspond donc à la perfection de la concentration, purifie les négativités qui découlent de l'orgueil. Ainsi, même si nous avons le potentiel karmique de renaître dans le royaume des "dieux" (skt,
devas), cette syllabe scelle les portes de cette renaissance. En récitant cette syllabe, son activité va augmenter jusqu'à ce qu'elle soit aussi grande que celle de la divinité Brahmanique la plus puissant,
Indra.
La récitation de cette syllabe permet d'atteindre l'Eveil dans la famille du
bouddha Ratna-Sambhava (*).
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(2)-
MA est en vert. Elle correspond à l'activité des
bouddhas, née de l'amour sans limite. Cette syllabe correspond à la perfection de la patience et scelle la porte de la renaissance dans le domaine des "demi-dieux" (skt,
asuras), qui est le résultat de la jalousie.
La récitation de cette syllabe permet d'atteindre l'Eveil dans la famille du
bouddha Amogha-Siddhi (*).
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(3)- La couleur de
NI est jaune. Elle correspond au mode de réalisation des actions de tous les
bouddhas par le corps, par la parole et par l'esprit. Elle représente la perfection de la morale, purifie la saisie en nous libérant des quatre portes de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort, ce qui scelle la porte de la renaissance dans le monde des humains (skt,
manusya). Sa récitation permettra d'atteindre le niveau d'activité du
bouddha historique
Shâkyamuni.
La récitation de cette syllabe permet d'atteindre l'Eveil dans la famille du
bouddha Vajra-Dhara (*).
Le terme
MANI (signifiant « joyau » en tibétain), symbolise les moyens de la méthode, l'intention altruiste de devenir illuminé, la compassion et l'amour infini. Ainsi, de la même façon qu’une pierre précieuse est capable d'éloigner la pauvreté, de même, l'esprit altruiste d'éveil est capable d'écarter les nombreuses difficultés de l'existence cyclique (et de la soit disant paix solitaire). Pareillement, tout comme un joyau exauce les désirs des êtres sensibles, l'intention altruiste de devenir un être illuminé accomplit les souhaits des êtres sensibles.
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(4)- La syllabe
PAD est de couleur bleu ciel. Elle est l'incarnation même de l'équanimité illimitée et correspond à la perfection de la sagesse. Elle supprime les négativités causées par l'ignorance et scelle la porte de la renaissance dans le règne animal (skt,
tiryanca).
La récitation de cette syllabe permet d'atteindre l'Eveil dans la famille du
bouddha Vairochana (*).
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(5)- La couleur de
ME est rouge. Elle correspond à la perfection du don et scelle la porte de la renaissance dans le royaume des fantômes affamés ou esprits avides (skt,
pretas).
La récitation de cette syllabe permet d'atteindre l'Eveil dans la famille du
bouddha Amitâbha (*).
Le terme
PADME (signifiant « lotus » en tibétain), symbolise la sagesse. Tout comme la fleur aquatique qui s’extrait du limon sans être souillée par la boue, de même la sagesse peut nous placer dans une situation de non contradiction (alors qu'il y aurait forcément contradiction sans posséder la sagesse). Il y a ainsi plusieurs forme de sagesse : la sagesse qui réalise l'impermanence des choses, celle qui réalise que les personnes sont vides d'existence substantielle (la vacuité), celle qui réalise le vide de la dualité des choses (c'est-à-dire la différence d'entité entre le sujet et l’objet), et la sagesse qui réalise la pleine vacuité de l'existence inhérente. Bien qu'il y ait ainsi différentes sortes de sagesse, la principale d'entre elles à retenir est néanmoins celle qui réalise la vacuité.
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(6)- La couleur de la syllabe
HUM est bleu sombre. Elle correspond à la perfection de la sagesse. Elle a le pouvoir de purifier les activités réalisées sous l'emprise de la haine et scelle la porte d'une renaissance dans les enfers (skt,
naraka).
La récitation de cette syllabe permet d'atteindre l'Eveil dans la famille du
bouddha Akshobhya (*).
La pureté (apportée par l’illumination) devant être acquise par l'unité indivisible de la méthode (MANI) et de la sagesse (PADME), on la symbolise par la syllabe finale HUM, qui traduit alors l'indivisibilité des deux constituants. Cette indivisibilité (de la méthode et de la sagesse) se réfère donc à la sagesse affectée par la méthode, et à la méthode affectée par la sagesse.
Ainsi, les six syllabes de ce précieux
mantra signifient qu'en fonction de la pratique d'une voie (qui est donc l'union indivisible d'une méthode et d'une sagesse), nous pouvons transformer notre corps, notre parole et notre esprit impurs en corps, parole et esprit purs d’un
bouddha.
II est traditionnellement répété qu'il ne faut pas essayer de chercher la bouddhéité hors de soi, car les matériaux essentiels pour y parvenir se trouvent à l'intérieur. Ainsi : « Tous les êtres ont naturellement la nature de
bouddha dans leur propre continuum ». Nous avons en nous-mêmes le germe de la pureté, qui doit être actualisé, transformé et pleinement développé en bouddhéité.
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(*). Dans la tradition du bouddhisme tantrique, les
dhyânis bouddhas représentent différents éléments de l'esprit pur. Ils sont les archétypes divins qui représentent différentes formes de sagesses spécifiques à l'Eveil.