Bonjour à tous.
Un bref passage « visiteur » sur le forum m’a permis de découvrir cette question de Detchen (qui d’ailleurs n’est peut-être pas forcément dans le bon topic). Voici ce que l’on peut déjà évoquer sur le sujet :
Le
tantrika (terme sanskrit), parfois appelé
mantrika, en tibétain
ngakpa ([wylie],
sngags pa) pour les hommes ou
ngakmo ([wylie],
sngags mo) pour les femmes, est dans le
Vajrayāna et le
Bön, un adepte tantrique, généralement laïc plutôt que moine ou nonne ; c’est-à-dire n’importe quel praticien non-monastique qui a reçus des vœux du
Mantrayāna secret et dévoue sa vie aux pratiques
dzogchèn ou
bönpo, aux
tantra et aux révélations
tèrma (enseignements spirituels dissimulés).
Historiquement parlant, l’école
Nyingmapa est la plus ancienne des traditions du bouddhisme tibétain. Son implantation débute au Tibet aux alentours du VIIème siècle pour s’affirmer surtout à partir du VIIIème siècle. Elle évinça progressivement les anciennes pratiques indigènes liées au chamanisme, et mit en place deux types de communautés spirituelles regroupant des individus ordonnés : le
saṅgha rouge « assemblée rouge » des pratiquants tantriques célibataires et le
saṅgha blanc « assemblée blanche » des pratiquants tantriques non célibataires. Le
saṅgha blanc, constitué de
yogin suivant rigoureusement les vœux tantriques reste le moins connu mais a néanmoins toute sa place dans l’actuel panorama des pratiquants bouddhistes.
Même s’ils ont reçus l’ordination, ces adeptes sont autorisés à pratiquer au sein de leur foyer car ils ne sont pas liés aux mêmes engagements que les religieux qui respectent le
Vinaya. Le
saṅgha blanc porte ainsi au Tibet le nom de
guökar chang loïdé ([wylie],
gos dkar lcang lo’i sde) « communauté des jupes blanches et cheveux longs » décrivant précisément le style et la tenue vestimentaire qu’adoptent ces pratiquants. En effet, hommes et femmes portent habituellement de longues jupes blanches, ainsi que des châles rouges et blancs semblable à ceux des adeptes des écoles anciennes (tibétaines) qui se différencient légèrement en fonction de la lignée yogique à laquelle ils appartiennent. Des boucles d’oreilles de nacre sont souvent leur principal ornement tandis que leur longue chevelure dénouée (qu’ils ont pris l’engagement de ne jamais couper), parfois allongée de fils de laine nattés, se présente habituellement sous l’aspect d’un volumineux chignon noué (véritable turban surplombant la tête). Il est donc facile de les identifier, leur tenue représentant les aspects spécifiques de leurs enseignements.
Contrairement aux religieux, qui renoncent à la vie mondaine, mettant l’accent sur le respect du célibat, l’abstinence d’alcool, de viande, de substances toxiques et sur le retrait de la vie séculière, les
tantrika comptent d’avantage sur la renonciation interne plutôt qu’externe. Ils visent d’avantage à transformer le quotidien. Leur attention se pose essentiellement sur la nature de l’esprit, comme tous pratiquants bouddhistes, mais également sur l’observation des circonstances qui naissent des activités quotidiennes et qui deviennent moyen de pratiquer l’enseignement. Les relations avec le conjoint, la famille, les amis, les collègues de travail ou autres sont ainsi considérées comme la base même de la libération sachant que tous les aspects de la vie fournissent un terrain fertile pour la pratique.
- tantrika (4).jpg (25.29 Kio) Vu 14466 fois
S’ils ne sont pas nomades à l’existence très indépendante et se déplaçant au gré de leurs occupations, ils vivent le plus souvent dans leur village natal. Bien qu’ils puissent se marier, avoir des enfants et travailler, ils doivent néanmoins s’organiser pour effectuer certaines retraites et exécuter différents types de rituels à la demande des villageois. Le souverain
Trisongdétèn qui, en devenant lui-même
tantrika, contribua grandement au développement de cette tradition instaurée au Tibet par
Padmasambhava. Autrefois qualifié de « sorciers » par les Occidentaux, on les définissait comme des praticiens imprégnés de « paroles magiques » (d’où ce terme de « sorcier » ou « magicien ») qui transmettaient oralement leur fonction religieuse au sein de lignées familiales, soit au fils, soit au neveu, soit à un adepte accepté comme tel.
Certains
tantrika sont aujourd’hui devenus de célèbres saints, comme
Yéshé Tsogyèl,
Lhaloung Pèlkyi Dorjé ou
Marpa Lotsawa (maître spirituel de
Milarépa). À la fois oracle et astrologues, souvent peu communicatif, ces individus jouissent encore aujourd’hui du respect des offrandes de la population locale auprès de laquelle ils jouent un rôle important pour les rituels mortuaires ou de naissance, mais également les pratiques d’exorcismes ou de pacification des démons.
Voilou. Belle journée à tous.